Le 8 mai, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à signer un accord commercial avec les Etats-Unis. Les voitures, l’acier et l’aluminium font partie des catégories les plus avantagées à l’export pour le Royaume-Uni. Leurs taxes à l’entrée aux Etats-Unis (USA) se voient réduire de 25% à 10% pour l’acier et l’aluminium et de 27,5% à 10% également pour les voitures. Pour ce qui est des autres produits, ils bénéficieront d’un abaissement à 10% de taxes à l’importation sur le sol étasunien. Pour les produits américains comme l’éthanol ou la viande bovine, les taxes douanières à l’entrée au Royaume-Uni se sont aussi vues abaisser. Cela devrait détendre les travailleurs des secteurs sidérurgique et automobile, qui ne devraient plus avoir peur de perdre leur emploi.
Cet accord est tout d’abord historique étant donné la date à laquelle il a été signé, le 8 mai, victoire de l’Europe face à l’Allemagne nazie sonnant la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai 1945. D’autre part, c’est le premier accord commercial que l’administration Trump a signé avec un pays étranger. Le Royaume-Uni avait déjà essayé de signer un accord de libre-échange (Free Trade Agreement) qui avait échoué. Le Royaume-Uni s’est rattrapé avec cet accord commercial sur les taxes douanières.
Comme l’a précisé The Economist, cet accord sera d’autant plus bénéfique pour les électeurs ruraux de Trump. Il est donc possible d’en retirer une potentielle intention de commencer déjà une campagne pour les prochaines élections de mi-mandat, venant favoriser les Républicains, le parti de Donald Trump, mais aussi remercier un des électorats lui étant le plus fidèle, à lui mais surtout au parti Républicain. Cependant, l’opposition a pris un virage plutôt populiste sur les réseaux sociaux et de manière générale. Kemi Badenoch a notamment déclaré dans un Tweet sur X : “[o]n vient de se faire entuber !” Ce virage populiste peut être expliqué par le résultat désastreux des élections locales du 1er mai lors de laquelle le Parti conservateur a perdu plus de 700 sièges face à la droite dure du parti Reform UK, dirigé par Nigel Farage.
Les réactions majoritaires sont plutôt positives, soutenant l’accord, sans pour autant s’en réjouir. Bien évidemment, Sir Keir Starmer et Donald Trump s’en sont bien réjouis dans un appel téléphonique annonçant sa signature, retransmis à la télévision.
En outre, certains journaux, comme The Guardian et The Daily Telegraph, soulèvent un point intéressant. L’accord est le premier, et donc le seul, à être signé alors même que Trump et son administration sont dans une lancée protectionniste, même si les droits de douanes se sont drastiquement réduits face à l’envolée qu’ils avaient subie sous l’impulsion trumpienne. Ceci est à mettre en contraste avec l’Union européenne, que le Royaume-Uni avait quittée il y a peu et qui commence à se mettre en porte-à-faux vis-à-vis des Etats-Unis. En effet, l’Union européenne à l’air de se rapprocher de la Chine, ce qui n’est pas pour apaiser les tensions avec les Etats-Unis…
[1] et
[2] [1] L’accord commercial entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, un “poignard dans le cœur de l’UE” ?, Gerry Feehily, Courrier international, vendredi 9 mai.
[2] Britain’s Roller-Coaster Ride to a Trade Deal with Trump, Mark Landler, The New York Times, vendredi 9 mai