Point veille semaine du 12 mai 2025

ILERI - Campus de Lyon Leclair
15.05.2025

Le jeudi 8 mai 2025 à 18h08, l’annonce officielle de l’élection du nouveau pape est tombée. Ce n’est qu’une heure après, vers 19h10, que le pape nouvellement élu a fait son apparition au balcon de la Basilique Saint-Pierre au Vatican. Robert Francis PREVOST est américain de naissance. C’est la première fois dans l’histoire de l’Eglise qu’un pape élu est de nationalité américaine. Il a aussi la nationalité péruvienne et a passé la majorité de sa carrière ecclésiastique au Pérou.

Robert Francis Prevost a décidé de prendre le nom Léon. En plus d’être le successeur du Pape François, qui avait décidé d'enlever le numéro derrière son nom pour paraître plus humble, il est aussi celui du Pape Léon XIII qui avait notamment donné des directives pour une Eglise plus sociale. Le Pape Léon XIV est membre des moines augustins, un ordre mendiant, il est donc logique qu’il continue la doctrine sociale de l’Eglise initiée par Léon XIII. Par ailleurs, ses 30 années au Pérou l’ont aidé à comprendre la misère sociale. L’inclusion et l’aide aux plus démunis devraient représenter l’un des axes majeurs du pontificat.

Robert Francis Prevost connaissait bien le Pape François qui l’avait nommé en 2023 préfet du dicastère, en gros le numéro un de ce qui s'apparente à un ministère de la Curie, le gouvernement de l’Eglise pour ainsi dire. Ceci lui a bien sûr permis d’être dans les bonnes grâces de feu le Pape François. Le Pape Léon XIV est classé parmi les “modérés”, notamment du fait de ses positions sociales pour les plus démunis.

Des défis considérables attendent le nouveau pontife. Il devra, entre autres, redresser les finances de l’Eglise, lutter contre la pédocriminalité ou encore convaincre de nouveau croyants, prêcher la bonne parole en langage religieux. Son côté modéré et social peut donc faire peur quand on connaît les nombreux défis qui l'attendent. Sera-t-il à la hauteur ?[1]

En outre, nous sommes bien à même de nous rassurer sur ce nouveau côté humain, humaniste et social du Pape, dans un contexte de tensions internationales constantes. De plus, cette élection d’un Pape américain et social vient contrebalancer l’image que se donne les USA via son Président Donald Trump de terreur de la cour de récré. Nous pouvons donc voir cette élection comme une certaine lueur d’espoir, mais aussi comme un cri de désespoir, ou d’espoir, cela dépend du point de vue, de la part de la population étasunienne à travers leurs cardinaux. Il est aussi important de savoir que les chrétiens ont joué un rôle clé dans la réélection de Donald Trump et lui sont un fervent soutien. L’ambivalence choque, mais est assez visible, limpide, claire. L’Eglise américaine, étasunienne plus précisément, pourrait se voir pousser des ailes, se sentir renforcée et même soutenue à l’internationale.[2]
 

[1] Léon XIV, le premier pape originaire des Etats-Unis, Le Monde avec AFP, jeudi 8 mai.

[2] Leo XIV Pledges to Lift Up ‘Ordinary People’, The New York Times, lundi 12 mai.

Le 8 mai, le Royaume-Uni est devenu le premier pays à signer un accord commercial avec les Etats-Unis. Les voitures, l’acier et l’aluminium font partie des catégories les plus avantagées à l’export pour le Royaume-Uni. Leurs taxes à l’entrée aux Etats-Unis (USA) se voient réduire de 25% à 10% pour l’acier et l’aluminium et de 27,5% à 10% également pour les voitures. Pour ce qui est des autres produits, ils bénéficieront d’un abaissement à 10% de taxes à l’importation sur le sol étasunien. Pour les produits américains comme l’éthanol ou la viande bovine, les taxes douanières à l’entrée au Royaume-Uni se sont aussi vues abaisser. Cela devrait détendre les travailleurs des secteurs sidérurgique et automobile, qui ne devraient plus avoir peur de perdre leur emploi.

Cet accord est tout d’abord historique étant donné la date à laquelle il a été signé, le 8 mai, victoire de l’Europe face à l’Allemagne nazie sonnant la fin de la Seconde Guerre mondiale le 8 mai 1945. D’autre part, c’est le premier accord commercial que l’administration Trump a signé avec un pays étranger. Le Royaume-Uni avait déjà essayé de signer un accord de libre-échange (Free Trade Agreement) qui avait échoué. Le Royaume-Uni s’est rattrapé avec cet accord commercial sur les taxes douanières.

Comme l’a précisé The Economist, cet accord sera d’autant plus bénéfique pour les électeurs ruraux de Trump. Il est donc possible d’en retirer une potentielle intention de commencer déjà une campagne pour les prochaines élections de mi-mandat, venant favoriser les Républicains, le parti de Donald Trump, mais aussi remercier un des électorats lui étant le plus fidèle, à lui mais surtout au parti Républicain. Cependant, l’opposition a pris un virage plutôt populiste sur les réseaux sociaux et de manière générale. Kemi Badenoch a notamment déclaré dans un Tweet sur X : “[o]n vient de se faire entuber !” Ce virage populiste peut être expliqué par le résultat désastreux des élections locales du 1er mai lors de laquelle le Parti conservateur a perdu plus de 700 sièges face à la droite dure du parti Reform UK, dirigé par Nigel Farage.

Les réactions majoritaires sont plutôt positives, soutenant l’accord, sans pour autant s’en réjouir. Bien évidemment, Sir Keir Starmer et Donald Trump s’en sont bien réjouis dans un appel téléphonique annonçant sa signature, retransmis à la télévision.

En outre, certains journaux, comme The Guardian et The Daily Telegraph, soulèvent un point intéressant. L’accord est le premier, et donc le seul, à être signé alors même que Trump et son administration sont dans une lancée protectionniste, même si les droits de douanes se sont drastiquement réduits face à l’envolée qu’ils avaient subie sous l’impulsion trumpienne. Ceci est à mettre en contraste avec l’Union européenne, que le Royaume-Uni avait quittée il y a peu et qui commence à se mettre en porte-à-faux vis-à-vis des Etats-Unis. En effet, l’Union européenne à l’air de se rapprocher de la Chine, ce qui n’est pas pour apaiser les tensions avec les Etats-Unis…[1] et [2]

 

[1] L’accord commercial entre le Royaume-Uni et les Etats-Unis, un “poignard dans le cœur de l’UE” ?, Gerry Feehily, Courrier international, vendredi 9 mai.

[2] Britain’s Roller-Coaster Ride to a Trade Deal with Trump, Mark Landler, The New York Times, vendredi 9 mai