Point veille semaine du 5 mai 2025

ILERI - Campus de Lyon Leclair
12.05.2025

Dans la nuit du 6 au 7 mai 2025, l’Inde a lancé des frappes de missiles contre des cibles désignées comme terroristes au Pakistan, en réponse à un attentat au Cachemire. Le Pakistan déplore 26 morts et promet une riposte. Un nouvel épisode explosif dans l’histoire des tensions indo-pakistanaises.

Des frappes ciblées qui embrasent la frontière

L’armée indienne a annoncé avoir « frappé des infrastructures terroristes au Pakistan »[1] dans la nuit du 6 au 7 mai. Selon Le Monde, ces frappes interviennent deux semaines après un attentat non revendiqué à Pahalgam (Cachemire indien), qui a coûté la vie à 26 civils. New Delhi accuse le groupe jihadiste Lashkar-e-Toiba (LeT), basé au Pakistan, d’en être à l’origine.

Parmi les cibles attaquées, figure une mosquée à Bahawalpur dans le Pendjab pakistanais, soupçonnée par les renseignements indiens d’abriter des membres du Jaish-e-Mohammed affiliés au LeT. Le gouvernement local a ordonné la fermeture des écoles en urgence.

Riposte pakistanaise immédiate et bilan humain lourd

Le Pakistan affirme que les frappes indiennes ont « tué 26 civils et blessé 46 personnes »[2]. En retour, l’armée pakistanaise a bombardé les secteurs de Bhimber Gali et Poonch-Rajauri dans le Cachemire indien. L’Inde déplore au moins trois morts civils, un chiffre revu à la hausse par un responsable local qui parle de huit morts et 29 blessés.

Par ailleurs, trois avions de chasse indiens se sont écrasés sur leur propre territoire. Islamabad affirme en avoir abattu cinq, selon son ministre de l’Information, Attaullah Tarar.

Un contexte de tensions explosives entre deux puissances nucléaires

L’attentat de Pahalgam marque un tournant dans une série d’incidents frontaliers. Depuis plusieurs jours, les échanges de tirs entre soldats indiens et pakistanais étaient fréquents, mais sans victime. « Le Pakistan avait déjà effectué deux essais de missiles sol-sol, dont l’un le 3 mai, d’une portée de 450 km, capable d’atteindre New Delhi »[3].Ces événements font resurgir le spectre d’un conflit large, alors que l’Inde et le Pakistan, deux puissances nucléaires rivales depuis 1947, se disputent farouchement la région du Cachemire. La dernière confrontation majeure, en 2019, avait déjà failli dégénérer en guerre.

Une inquiétude internationale croissante

Face à l’escalade, les appels au calme se multiplient. Les Nations Unies appellent à « une retenue considérable » tandis que le président américain Donald Trump a exprimé l’espoir que « les affrontements cessent très rapidement »[4].

De son côté, le comité de sécurité nationale du Pakistan s’est réuni d’urgence, soulignant la gravité de la situation. Le ministre pakistanais de la Défense, Khawaja Asif, a affirmé que « la riposte a commencé » et que le conflit pourrait être réglé rapidement si la dynamique actuelle se poursuit.

Vers une confrontation incontrôlable ?

La multiplication des frappes, la rhétorique belliqueuse et l’ampleur des pertes civiles marquent un franchissement de seuil dans la rivalité indo-pakistanaise. Si aucun des deux pays ne semble prêt à désamorcer la crise, la communauté internationale redoute que la situation, pour l’instant régionale, ne dégénère en conflit nucléaire, avec des conséquences bien au-delà du Cachemire.


 

[1] Le Monde. (2025, 6 mai). L’Inde annonce avoir frappé des sites terroristes au Pakistan avec des missiles. Le Monde. https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/06/l-inde-annonce-avoir-frappe-des-sites-terroristes-au-pakistan-avec-des-missiles_6603494_3210.html

[2] France 24. (2025, 6 mai). « Opération Sindoor » : l’Inde a mené des frappes au Pakistan, intenses tirs d’artillerie au Cachemire. France 24. https://www.france24.com/fr/asie-pacifique/20250506-operation-sindoor-inde-frappes-pakistan-cachemire-pakistanais-nucleaire

[3]Associated Press. (2025, 3 mai). Pakistan test fires ballistic missile as tensions with India spike after Kashmir gun massacre. AP News. https://apnews.com/article/pakistan-india-ballistic-missile-kashmir-tensions-70ad575139eeef3673c0c99cbed30302:contentReference[oaicite:6]{index=6}

[4]Li, S., & Gillani, W. (2025, 7 mai). India Retaliates for Attack in Kashmir It Blames on Pakistan. The Wall Street Journal. https://www.wsj.com/world/asia/india-retaliates-for-attack-in-kashmir-it-blames-on-pakistan-3aea5ac4

Le 6 mai 2025, Friedrich Merz, président de l’Union Chrétienne-Démocrate (CDU), a été élu chancelier fédéral d’Allemagne après un second vote du Bundestag. Cet événement marque un moment charnière de la politique allemande, non seulement par le retour au pouvoir de la droite conservatrice, mais aussi par les circonstances inédites de son élection.

Un premier échec révélateur de tensions internes

Lors du premier vote au Bundestag, Merz a échoué à obtenir la majorité absolue de 316 voix, n’en récoltant que 310, malgré les 328 sièges de sa coalition avec le Parti social-démocrate (SPD). Ce revers, le premier du genre depuis 1949, a souligné les fragilités internes du nouveau gouvernement[1]. Un second vote, tenu le même jour, lui a permis d’atteindre 325 voix, ouvrant ainsi la voie à sa nomination officielle par le président fédéral Frank-Walter Steinmeier[2].

Le parcours politique d’un dirigeant expérimenté

Âgé de 69 ans, Friedrich Merz est une figure politique chevronnée. Après un long passage au Bundestag jusqu’en 2009, il s’était éloigné de la vie politique avant de revenir en 2018, puis d’être élu à la tête de la CDU en 2022. Représentant d’une ligne conservatrice et favorable au libre marché, il incarne une volonté de recentrage idéologique au sein de la droite allemande.

Programme de coalition et ambitions gouvernementales

Le gouvernement Merz repose sur une « grande coalition »[3] entre la CDU/CSU et le SPD. Il se distingue par des priorités économiques : baisse de la fiscalité sur les entreprises, soutien à la compétitivité énergétique, et réarmement stratégique dans le cadre du soutien à l’Ukraine. Le nouveau cabinet comprend 17 ministres, dont une majorité de figures issues du secteur privé. Le seul ministre reconduit est Boris Pistorius à la Défense.

Positionnement international et priorités diplomatiques

Dans ses premières heures en tant que chancelier, Merz a visité Paris et Varsovie, affirmant ainsi son attachement au couple franco-allemand et à la coopération de défense en Europe de l’Est. Il souhaite s’affirmer rapidement comme un acteur fort de la diplomatie européenne, en particulier face à la guerre en Ukraine[4].

Friedrich Merz hérite d’une chancellerie marquée par des attentes fortes et des risques de dissension internes. Son mandat débute dans un climat politique instable, sous la pression d’une extrême droite en progression et d’alliés peu soudés. Sa capacité à gouverner efficacement sera décisive pour l’Allemagne et, plus largement, pour la stabilité européenne.


 

[1] Le Monde. (2025, 6 mai). Friedrich Merz finalement élu chancelier en Allemagne. https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/06/allemagne-friedrich-merz-finalement-elu-chancelier-apres-une-folle-journee-au-bundestag_6603489_3210.html

[2] Reuters. (2025, 6 mai). Merz elected German chancellor after initial shock defeat. https://www.reuters.com/world/europe/merz-elected-german-chancellor-after-initial-shock-defeat-2025-05-06/

[3] Toute l’Europe. (2025, 6 mai). Allemagne : Friedrich Merz officiellement élu chancelier par le Bundestag. https://www.touteleurope.eu/vie-politique-des-etats-membres/allemagne-au-terme-d-une-journee-decisive-friedrich-merz-officiellement-elu-chancelier-par-le-bundestag/

[4] Associated Press. (2025, 7 mai). Friedrich Merz entame son mandat de chancelier par des visites à Paris et Varsovie. https://apnews.com/article/d9824bc56f73ae887627ac51bec69fd0

À la suite de l’annulation du premier scrutin en 2024 pour cause d’ingérence étrangère, la Roumanie a relancé son élection présidentielle. Le premier tour, organisé le 4 mai 2025, place George Simion, leader nationaliste de l’AUR, en tête, face à Nicușor Dan, centriste pro-européen. Le second tour du 18 mai s’annonce déterminant pour l’orientation politique du pays.

Un scrutin relancé après une crise institutionnelle

L’élection présidentielle roumaine de 2025 fait suite à l’annulation exceptionnelle du scrutin de novembre 2024 par la Cour constitutionnelle. Cette décision est intervenue après des révélations d’ingérence russe en faveur de Calin Georgescu, candidat d’extrême droite dont la campagne numérique, notamment sur TikTok, aurait été soutenue par des « attaques hybrides »[1]. Cette crise sans précédent a contraint les autorités roumaines à organiser un nouveau scrutin sous haute surveillance, dont le premier tour s’est tenu le 4 mai 2025 avec une participation de 53,2 %.

Simion en tête, Dan qualifié : vers un affrontement idéologique

Le résultat du premier tour a confirmé l’ancrage d’un électorat en mutation. George Simion, leader du parti nationaliste AUR (Alliance pour l’unité des Roumains), a remporté 40,5 % des voix[2]. Farouchement souverainiste, il prône une ligne anti-establishment, anti-UE, et conservatrice, séduisant un électorat rural et jeune, souvent désabusé par les partis traditionnels.

Face à lui, Nicușor Dan, maire de Bucarest, a obtenu 20,89 % des suffrages. Ce mathématicien devenu homme politique se positionne comme le candidat de la réforme institutionnelle, de la lutte contre la corruption, et du renforcement des alliances européennes.

La troisième place est revenue à Crin Antonescu, représentant de la coalition gouvernementale, avec 20,34 %. Ce dernier a reconnu sa défaite dès les résultats connus[3].

Une élection à forte portée géopolitique

Au-delà du clivage politique intérieur, cette élection cristallise des enjeux géopolitiques majeurs. Un succès de George Simion pourrait fragiliser les relations de la Roumanie avec l’Union européenne, notamment sur les dossiers migratoires, économiques et militaires. À l’inverse, une victoire de Nicușor Dan consoliderait la position pro-européenne de Bucarest, en lien avec le soutien à l’Ukraine et les réformes attendues dans la justice et l’administration.

La montée de l’extrême droite dans ce pays membre de l’UE reflète par ailleurs une tendance plus large en Europe centrale et orientale, accentuée par les inégalités économiques et la méfiance envers les élites bruxelloises.

Un choix déterminant pour la trajectoire de la Roumanie

Le second tour prévu le 18 mai 2025 opposera deux visions radicalement opposées du futur roumain. À travers ce scrutin, les citoyens devront trancher entre un recentrage nationaliste aux relents souverainistes, et un engagement continu vers une intégration européenne. Plus qu’un choix de président, il s’agit d’un test critique pour la stabilité démocratique et stratégique du pays.


 

[1] El País. (2024, 6 décembre). El Constitucional de Rumania anula la primera vuelta de las presidenciales tras revelarse una campaña de "ataques híbridos rusos". https://elpais.com/internacional/2024-12-06/el-constitucional-de-rumania-anula-la-primera-vuelta-de-las-presidenciales-tras-revelarse-la-campana-de-ataques-hibridos-rusos.html

[2] AP News. (2025, 4 mai). Hard-right candidate Simion secures decisive win in first round of Romania's presidential redo. https://apnews.com/article/e6ce0a674cf88bfc02c505482dc2497b

[3] Le Figaro. (2025, 4 mai). Présidentielle en Roumanie : le candidat d’extrême droite en tête du premier tour. https://www.lefigaro.fr/international/presidentielle-en-roumanie-le-candidat-d-extreme-droite-largement-en-tete-du-premier-tour-20250504

Articles rédigés par Seydou Abass Traoré