Le 2 février 2020, Donald Tusk, ancien Président du Conseil européen, s’est montré enthousiaste à l’idée que l’Écosse puisse obtenir son indépendance et intégrer l’Union européenne. Mais ce sentiment n’est pas partagé dans la capitale européenne par son successeur. Charles Michel s’est ainsi montré très prudent sur la question et a préféré ne pas s’immiscer dans un débat qui clive outre-Manche. Dans un contexte économique défavorable à l’Union (aggravé avec la crise du coronavirus), Bruxelles se doit de maintenir des relations économiques approfondies avec ses partenaires pour limiter la récession qui s’annonce. Par son poids diplomatique et militaire, le Royaume-Uni est aussi un allié conséquent de l’UE sur de grands dossiers internationaux, comme la Syrie ou l’Iran, et est nécessaire pour défendre la voix du vieux continent. En outre, l’Union européenne a un excédent de 67, 074 milliards de dollars vis-à-vis du Royaume-Uni, une rupture brute et nette serait un coup dur pour Bruxelles et pour la politique commerciale des 27. Les négociations entre le Ten et l’UE s’annoncent intenses et compliquées ce qui explique la réserve de l’Union européenne sur la question de l’indépendance écossaise.
Soutenir une région indépendantiste britannique pourrait mettre immédiatement fin aux négociations post-Brexit qui sont cruciales pour les deux parties. De plus, cette position ne serait probablement pas suivie par l’ensemble des États membres. Chypre, la Roumanie, la Slovaquie et l’Espagne ont d’importants mouvements sécessionnistes sur leur territoire. Ces États ont ainsi refusé de reconnaître le Kosovo en 2008, pour éviter de légitimer leurs régions séparatistes et bloquent de facto son intégration à l’Union européenne. En effet, toute nouvelle adhésion à l’Union européenne se fait à l’unanimité, ce qui a récemment été réaffirmé par le véto français sur l’intégration de la Macédoine du Nord et de l’Albanie. Il est probable que ces quatre États ne militent pas en faveur de l’intégration de l’Écosse au projet européen, et au contraire s’y opposent, par peur de raviver la flamme autonomiste au sein de leur territoire. Si le divorce entre Londres et Edimbourg ne garantit pas une intégration au projet européen, une partie des électeurs écossais pourrait se montrer prudent sur la question sécessionniste.
De plus, l’Écosse ne répond pas pour l’heure aux critères pour intégrer l’Union européenne. Alors que le traité de Maastricht exige un déficit budgétaire inférieur à 3% de son produit intérieur brut (PIB), celui de l’Écosse s’élève à 7,2%. Plus généralement, une indépendance écossaise au vu d’une intégration au projet européen soulève de nombreux problèmes. Si l’Écosse réussit à accéder à son indépendance et dépose une candidature pour intégrer l’UE, elle devra, pendant la période de transition, battre une nouvelle monnaie pour remplacer la livre sterling, restructurer son économie pour correspondre aux critères d’adhésion, ainsi que renégocier un accord avec son voisin du sud et avec le reste du monde. Eliot Wilson, ancien greffier de la commission des affaires écossaises de la Chambre des communes et partisan d’une Écosse indépendante avouait à demi-mot que les différents scénarios pour réintégrer l’Union n’étaient pas crédible à l’heure actuelle.