Face à une crise humanitaire sans précédent dans la bande de Gaza, la France, le Royaume-Uni et le Canada ont publié une déclaration conjointe condamnant les actions militaires israéliennes, qualifiées d’« actions scandaleuses ». Ils envisagent des mesures concrètes et réaffirment leur volonté de reconnaître un État palestinien, marquant un tournant dans la diplomatie occidentale au Moyen-Orient.
Une condamnation coordonnée et inéditeLe 19 mai 2025, les dirigeants de la France, du Royaume-Uni et du Canada ont franchi un cap historique dans leur positionnement face au conflit israélo-palestinien. Dans une déclaration conjointe, publiée sur les sites officiels de leurs gouvernements respectifs (
Elysée.fr,
Gov.uk), ils ont dénoncé l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, la qualifiant de « totalement disproportionnée ». Ils pointent du doigt les violations présumées du droit international humanitaire, notamment les déplacements forcés de civils et l’entrave à l’aide humanitaire.
Un contexte humanitaire alarmantCette prise de position intervient dans un contexte de détérioration dramatique de la situation humanitaire. Depuis octobre 2023, plus de 53 000 Palestiniens ont été tués, selon les autorités sanitaires locales citées par
Le Monde (20 mai 2025). L’ONU, de son côté, alerte sur le risque imminent de famine, affirmant que des milliers de nourrissons pourraient mourir dans les prochaines 48 heures sans aide humanitaire d’urgence (
The Guardian, 20 mai 2025).
Israël, de son côté, a récemment autorisé l’entrée d’une quantité limitée de nourriture, jugée « tout à fait insuffisante » par les signataires de la déclaration. Ils estiment que cela pourrait constituer une violation supplémentaire du droit international.
Une volonté de reconnaître un État palestinienAu-delà de la dénonciation, les trois pays affichent une volonté politique claire : celle de reconnaître un État palestinien dans un avenir proche. Cette reconnaissance, selon eux, s’inscrirait dans une dynamique de paix durable fondée sur la solution à deux États. Ils affirment être prêts à œuvrer avec d’autres partenaires internationaux en ce sens. Une conférence internationale, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, est prévue en juin 2025 à l’ONU, pour tracer les contours de cette solution politique.
Une rupture diplomatique avec Israël ?Cette prise de position a immédiatement suscité la colère du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui a accusé les trois pays de « récompenser le terrorisme » en référence à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 (
Le Monde, 20 mai 2025). Malgré cela, les signataires maintiennent leur ligne et menacent d’adopter des « mesures concrètes » si les violations perdurent. Des sanctions économiques, telles que la suspension de négociations commerciales, sont déjà à l’étude, comme l’a indiqué le gouvernement britannique dans une autre déclaration parallèle.
Un tournant diplomatiqueEn rompant avec une prudence diplomatique souvent critiquée, la France, le Royaume-Uni et le Canada redessinent les contours de leur engagement au Moyen-Orient. Ce geste fort, bien que tardif aux yeux de certains observateurs, pourrait inaugurer une nouvelle ère dans la recherche d’une solution politique au conflit israélo-palestinien. Reste à voir si cette dynamique pourra être maintenue face aux tensions géopolitiques et aux résistances internes des acteurs impliqués.