Point veille semaine du 19 mai 2025

ILERI - Campus de Lyon Leclair
23.05.2025

La visite de Donald Trump au Moyen-Orient en mai 2025 a marqué un retour spectaculaire sur la scène internationale. Entre partenariats économiques record et gestes diplomatiques inédits, cette tournée soulève autant d’espoirs que de critiques.

Une tournée centrée sur l'économie et l'influence technologique

Du 13 au 16 mai 2025, le nouveau locataire de la Maison Blanche Donald Trump a entamé une tournée stratégique au Moyen-Orient, visant à renforcer les alliances économiques des États-Unis. En Arabie Saoudite, il a conclu un accord d’investissements de 600 milliards de dollars[1], incluant des entreprises américaines comme Google et Oracle, venues développer des projets d’intelligence artificielle dans le royaume. D’après un article du Business Insider, mai 2025, au Qatar, Trump a sécurisé une commande de 160 avions Boeing par Qatar Airways pour un montant de 96 milliards de dollars, un contrat majeur pour l’industrie aéronautique américaine. La dimension technologique de la visite fut particulièrement mise en avant aux Émirats Arabes Unis, où un partenariat avec la firme G42 a été annoncé pour créer le plus grand centre de données en dehors des États-Unis (IndiaTimes, 2025).

Une ouverture diplomatique risquée avec la Syrie

L’un des moments les plus inattendus de cette tournée fut la rencontre avec le nouveau président syrien Ahmed al-Sharaa, marquant la première entrevue officielle entre un président américain en exercice et un dirigeant syrien depuis plus de deux décennies. Trump y a annoncé la levée des sanctions américaines sur la Syrie, en vue de favoriser sa reconstruction et son éventuelle intégration dans les Accords d’Abraham selon un article du Wall Street Journal, mai 2025. Cette décision a suscité des inquiétudes en Israël, notamment en raison du passé controversé du dirigeant syrien.

Des tensions persistantes avec l’Iran et un silence sur Israël

Trump a profité de cette tournée pour réaffirmer sa ligne dure envers l’Iran, dénonçant sa gestion économique et ses ambitions régionales, tout en poursuivant indirectement des négociations nucléaires via Oman. Paradoxalement, Israël, traditionnel allié des États-Unis, n’a pas été inclus dans l’itinéraire. L'absence de réaction de Trump face à la crise humanitaire à Gaza et son silence sur les droits humains ont alimenté les critiques, notamment après la tentative infructueuse de familles d’otages israéliens de le rencontrer à Doha[2].

Une diplomatie entachée de conflits d’intérêts

Enfin, cette tournée a relancé le débat sur les conflits d’intérêts liés aux affaires personnelles de Trump. L’offre du Qatar d’un Boeing 747-8 destiné à son futur musée présidentiel a fait polémique aux États-Unis, certains élus dénonçant une confusion entre intérêts publics et gains privés[3].

Cette tournée au Moyen-Orient témoigne de la volonté de Donald Trump de redessiner l’influence américaine par le biais de l’économie et de la technologie. Toutefois, les critiques autour des conflits d’intérêts, des choix diplomatiques sélectifs et des enjeux éthiques risquent d’obscurcir l’impact de cette opération géopolitique. Reste à voir si cette stratégie portera ses fruits au-delà des contrats signés.

 

[1] The White House. (2025, May 13). Fact Sheet: President Donald J. Trump Secures Historic $600 Billion Investment Commitment in Saudi Arabia. https://www.whitehouse.gov/fact-sheets/2025/05/fact-sheet-president-donald-j-trump-secures-historic-600-billion-investment-commitment-in-saudi-arabia/

[2] Wall Street Journal. (2025, 20 mai). Inside the 36-Hour Push by Hostage Families to Meet With Trump and Qatar's Emir. https://www.wsj.com/world/middle-east/trump-qatar-israeli-hostage-families-32ef8753

[3] Reuters. (2025, 20 mai). Qatar dismisses concerns over offer of aircraft to Trump. https://www.reuters.com/business/aerospace-defense/qatars-offer-747-aircraft-trump-is-normal-thing-that-happens-between-allies-pm-2025-05-20/

Face à une crise humanitaire sans précédent dans la bande de Gaza, la France, le Royaume-Uni et le Canada ont publié une déclaration conjointe condamnant les actions militaires israéliennes, qualifiées d’« actions scandaleuses ». Ils envisagent des mesures concrètes et réaffirment leur volonté de reconnaître un État palestinien, marquant un tournant dans la diplomatie occidentale au Moyen-Orient.

Une condamnation coordonnée et inédite

Le 19 mai 2025, les dirigeants de la France, du Royaume-Uni et du Canada ont franchi un cap historique dans leur positionnement face au conflit israélo-palestinien. Dans une déclaration conjointe, publiée sur les sites officiels de leurs gouvernements respectifs (Elysée.fr, Gov.uk), ils ont dénoncé l’offensive militaire israélienne dans la bande de Gaza, la qualifiant de « totalement disproportionnée ». Ils pointent du doigt les violations présumées du droit international humanitaire, notamment les déplacements forcés de civils et l’entrave à l’aide humanitaire.

Un contexte humanitaire alarmant

Cette prise de position intervient dans un contexte de détérioration dramatique de la situation humanitaire. Depuis octobre 2023, plus de 53 000 Palestiniens ont été tués, selon les autorités sanitaires locales citées par Le Monde (20 mai 2025). L’ONU, de son côté, alerte sur le risque imminent de famine, affirmant que des milliers de nourrissons pourraient mourir dans les prochaines 48 heures sans aide humanitaire d’urgence (The Guardian, 20 mai 2025).

Israël, de son côté, a récemment autorisé l’entrée d’une quantité limitée de nourriture, jugée « tout à fait insuffisante » par les signataires de la déclaration. Ils estiment que cela pourrait constituer une violation supplémentaire du droit international.

Une volonté de reconnaître un État palestinien

Au-delà de la dénonciation, les trois pays affichent une volonté politique claire : celle de reconnaître un État palestinien dans un avenir proche. Cette reconnaissance, selon eux, s’inscrirait dans une dynamique de paix durable fondée sur la solution à deux États. Ils affirment être prêts à œuvrer avec d’autres partenaires internationaux en ce sens. Une conférence internationale, coprésidée par la France et l’Arabie saoudite, est prévue en juin 2025 à l’ONU, pour tracer les contours de cette solution politique.

Une rupture diplomatique avec Israël ?

Cette prise de position a immédiatement suscité la colère du Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahou, qui a accusé les trois pays de « récompenser le terrorisme » en référence à l’attaque du Hamas du 7 octobre 2023 (Le Monde, 20 mai 2025). Malgré cela, les signataires maintiennent leur ligne et menacent d’adopter des « mesures concrètes » si les violations perdurent. Des sanctions économiques, telles que la suspension de négociations commerciales, sont déjà à l’étude, comme l’a indiqué le gouvernement britannique dans une autre déclaration parallèle.

Un tournant diplomatique

En rompant avec une prudence diplomatique souvent critiquée, la France, le Royaume-Uni et le Canada redessinent les contours de leur engagement au Moyen-Orient. Ce geste fort, bien que tardif aux yeux de certains observateurs, pourrait inaugurer une nouvelle ère dans la recherche d’une solution politique au conflit israélo-palestinien. Reste à voir si cette dynamique pourra être maintenue face aux tensions géopolitiques et aux résistances internes des acteurs impliqués.

Le 18 mai 2025, Nicușor Dan, candidat indépendant soutenu par les forces centristes et pro-européennes, a remporté la présidentielle roumaine face au leader nationaliste George Simion. Une victoire inattendue dans un contexte de polarisation politique et de tensions géopolitiques croissantes.

Une victoire surprise au second tour

Contre toute attente, Nicușor Dan a battu George Simion au second tour avec 53,6 % des voix, malgré une avance significative du candidat nationaliste au premier tour[1]. Cette remontée spectaculaire s’explique par une mobilisation massive des électeurs urbains, des jeunes, des femmes et des minorités ethniques. Le taux de participation est passé de 53 % à près de 65 % entre les deux tours.

Une réponse à la menace populiste

George Simion, chef du parti AUR, incarne un nationalisme identitaire, anti-européen et souvent accusé d’antisémitisme et de révisionnisme. Sa rhétorique populiste avait séduit une partie importante de l’électorat roumain, notamment dans les zones rurales. Mais les craintes liées à une dérive autoritaire et à une rupture avec l’Union européenne ont contribué à fédérer une opposition diverse autour de Dan. Celui-ci a su incarner un pôle de stabilité et de continuité avec les valeurs démocratiques occidentales.

Un scrutin sous haute tension

Cette présidentielle se déroulait dans un climat tendu, après l’invalidation du scrutin de novembre 2024 par la Cour constitutionnelle pour cause d’ingérences russes présumées en faveur du candidat d’extrême droite Călin Georgescu. George Simion a lui aussi dénoncé des fraudes et des influences étrangères, notamment françaises et moldaves, sans apporter de preuves tangibles[2].

Une reconnaissance internationale rapide

La victoire de Dan a été rapidement saluée par les leaders européens, Emmanuel Macron et Ursula von der Leyen en tête, mais aussi par Volodymyr Zelensky, dans un contexte de guerre en Ukraine. Pour Bruxelles, cette victoire est perçue comme un rempart face aux influences russes en Europe de l’Est.


La victoire de Nicușor Dan marque une rupture stratégique pour la Roumanie, en réaffirmant son ancrage européen dans un moment critique. Mais les défis restent immenses : rassembler un pays fracturé, restaurer la confiance institutionnelle et résister aux assauts du populisme dans une région en proie à l’instabilité.

 

[1] Le Monde. (2025, 18 mai). En Roumanie, le candidat proeuropéen, Nicusor Dan, remporte la présidentielle face à son rival nationaliste, George Simion. https://www.lemonde.fr/international/article/2025/05/18/presidentielle-en-roumanie-le-candidat-pro-europeen-nicusor-dan-devance-son-rival-nationaliste-george-simion-qui-denonce-des-fraudes_6606936_3210.html

[2] McGrath, S. (2025, 21 mai). Hard-right candidate who lost Romania’s presidential race contests results at top court. AP News. https://apnews.com/article/romania-election-annulment-europe-simion-hardright-09647fefa8198d2f845f654639f50feb

Articles rédigés par Seydou Abass Traoré