Point veille semaine du 28 avril 2025

ILERI - Campus de Lyon Leclair
05.05.2025

Ahmed al-Charaa, ancien leader du groupe rebelle Hayat Tahrir al-Sham (HTS), a pris la présidence de la Syrie après la chute de Bashar al-Assad en décembre 2024. Al-Charaa, qui était autrefois allié avec Al-Qaïda, se retrouve maintenant à la tête d'un pays en pleine transition. Ce nouveau Président est confronté à de nouveaux défis, comme ses relations internationales et les implications géopolitiques de son leadership.

Al-Charaa doit reconstruire un pays détruit par la guerre et les sanctions. Il doit convaincre l'Occident de sa fiabilité malgré ses affiliations passées avec Al-Qaïda et naviguer dans les tensions géopolitiques entre la Turquie au nord et Israël au sud. Il doit également établir une nouvelle relation avec la Russie, qui était alliée à Assad.

Al-Charaa négocie actuellement avec la Russie et la Turquie pour obtenir un soutien militaire. La Turquie, alliée politique de son groupe rebelle, pourrait utiliser cette alliance pour étendre son influence près de la frontière israélienne et contenir les groupes armés kurdes. La Russie, qui a soutenu le régime d'Assad, a des intérêts stratégiques en Syrie, notamment le maintien de ses bases militaires.

Al-Charaa appelle les États-Unis à lever les sanctions imposées à la Syrie, arguant qu'elles ont été mises en place contre le régime d'Assad, désormais déchu. Al-Charaa pense déterminante la levée des sanctions dans le but de reconstruire l’économie syrienne. Les États-Unis ont listé des conditions pour la levée des sanctions, incluant la destruction des stocks d'armes chimiques et la coopération antiterroriste.

Un point de friction dans les négociations sur les sanctions est le sort des combattants étrangers qui ont aidé à renverser Assad. Al-Charaa envisage de leur accorder la citoyenneté syrienne, ce qui pourrait inquiéter les pays occidentaux quant à la Syrie devenant un refuge pour les extrémistes.

Al-Charaa doit donc naviguer dans une situation géopolitique complexe et rétablir la stabilité interne tout en répondant aux préoccupations internationales. Son passé et ses affiliations posent des défis significatifs pour obtenir la reconnaissance et le soutien nécessaires à la reconstruction de la Syrie.[1]

Depuis la fin du régime de Bashar al-Assad, les attaques israéliennes sur le sol syrien ont augmenté de manière exponentielle. Cette augmentation des attaques israéliennes commises sur le sol syrien pourrait exacerber les tensions dans la région. Israël a bombardé de nombreuses positions aériennes et des groupes militaires affiliés. Ces actions sont perçues comme une tentative de contenir l’influence iranienne en Syrie. Ces attaques comportent un risque géopolitique significatif. Elles pourraient provoquer des représailles de la part de l’Iran et de ses alliés, augmentant ainsi les tensions dans la région. De plus, ces actions pourraient compliquer les efforts d’Al-Charaa pour stabiliser la région et établir des relations diplomatiques équilibrées avec les puissances régionales.

Ahmed al-Charaa se trouve à un carrefour critique, où ses actions et décisions auront un impact profond sur l'avenir de la Syrie. Sa capacité à équilibrer les intérêts internes et externes sera déterminante pour la stabilité et la reconstruction du pays. L'intervention israélienne ajoute une couche de complexité aux défis géopolitiques qu'il doit surmonter.[2]

 

[1] Syria’s New President Talked to the New York Times. Here Are 3 Takeaways., Christina Goldman, The New York Times, mercredi 23 avril.

[2] Israel’s Dangerous Overreach in Syria, SHIRA EFRON est la Directrice de la Recherche au Forum de la Politique israélienne et associée senior à  la Fondation Diane et Guilford Glazer et DANNY CITRINOWICZ est Chercheur associé du Programme iranien à l’Institut d’études pour la Sécurité nationale, Foreign Affairs, mercredi 23 avril.​

La mort du Pape François, survenue à l'âge de 88 ans, le 21 avril 2025, a suscité de nombreuses réactions et réflexions sur son héritage et l'impact de son pontificat.

La mort du Pape François marque la fin d'une ère significative pour l'Église catholique et le monde entier. Premier pape latino-américain, François a été un leader charismatique et réformateur, dont les actions et les paroles ont eu des répercussions profondes sur divers aspects de la société. De nouvelles questions se posent à présent : quelles sont les implications de la mort du Pape François ? Quel est l’héritage spirituel et moral ? Quel est son impact sur les questions environnementales ? Quels défis futurs pour le Vatican ?

Le Pape François, né Jorge Mario Bergoglio, a été un pionnier dans de nombreux domaines. Il a été reconnu pour son approche humble et accessible, contrastant avec ses prédécesseurs plus traditionnels. Il a mis l'accent sur la miséricorde, la compassion et l'inclusion, cherchant à rapprocher l'Église des fidèles et des marginalisés. Son pontificat a été marqué par des réformes visant à moderniser l'Église et à lutter contre les abus sexuels au sein du clergé.[1] Le Pape François a gardé, malgré sa bienveillance transpirante, des idées cléricales basées sur des fondements profondément catholiques. Il a demandé qu'on ne juge pas les femmes ayant recours à l'avortement, tout en condamnant radicalement la pratique de l'IVG (interruption volontaire de grossesse), qualifiant les médecins utilisant cette technique de "tueurs à gage". Cela a entraîné, en Belgique notamment, une hausse impressionnante des débaptisations, en opposition à ces idées.

Le Pape François partageait un fort engagement en faveur de la protection de l'environnement. Son encyclique "Laudato Si'" a été un appel mondial à prendre soin de notre maison commune, la Terre. Il a plaidé pour une action urgente contre le changement climatique et a critiqué les politiques économiques qui nuisent à l'environnement. Sa mort laisse un vide dans le leadership moral sur les questions environnementales, et il est crucial que son successeur continue de porter ce flambeau.[2]

Le Pape a initié de nombreuses réformes, mais beaucoup restent inachevées. La lutte contre la corruption au sein de la Curie, la gestion des finances du Vatican et la poursuite des réformes structurelles sont des tâches urgentes pour le prochain pape. De plus, la question de l'inclusion des femmes et des laïcs dans les rôles de leadership au sein de l'Église reste un sujet de débat important.[3]

La mort du Pape François est une perte immense pour l'Église catholique et le monde entier. Son héritage spirituel et moral, son engagement en faveur de l'environnement et les réformes qu'il a initiées continueront d'influencer l'Église et la société. Cependant, de nombreux défis restent à relever pour son successeur qui devra poursuivre son œuvre tout en naviguant dans un contexte mondial complexe et en évolution rapide.

En somme, le Pape François a laissé une empreinte indélébile sur l'Église et le monde, et il est essentiel que son héritage soit préservé et développé par les générations futures.

 

[1] Francis, The First Latin American Pope, Dies at 88, Jason Horowitz et Jim Yardley, The New York Times, lundi 21 avril 2025.

[2] Le pape est mort, une mauvaise nouvelle pour la planète, Courrier international, jeudi 24 avril.

[3] Vatikan, Was bleibt?, Giovanni di Lorenzo, Die ZEIT Nr. 17/2025, actualisé vendredi 25 avril.

Lundi 28 avril 2025, le Parti Libéral du Canada (PLC) a remporté les élections nationales, assurant à son leader fraîchement arrivé, Mark Carney, le plus haut poste du Gouvernement canadien. Mark Carney, le nouveau Premier ministre canadien, a surfé sur la vague anti-Trump et promis de se lever contre le Président étasunien Donald J. Trump. Mark Carney a réussi un miracle politique, permettre un quatrième mandat à la tête du Gouvernement pour son parti, le PLC. Il a mis ses compétences en économie, c’est un ancien banquier, en avant pour montrer qu’il était le meilleur atout pour le Canada pour se dresser contre Trump et remettre en marche l’économie canadienne.

Malgré le miracle politique, le PLC n’a pas obtenu une majorité absolue au sein de la Chambre des communes du Canada. Il est question d’un miracle, aussi à cause des nombreuses bévues commises lors de la campagne éclaire de Monsieur Carney. Il faudra au PLC convaincre trois députés d’autres partis politiques pour obtenir une majorité suffisante pour faire passer des projets de loi. Il faudra aussi faire attention aux projets de loi proposés, le Gouvernement pourrait se voir forcé à démissionner à cause d’un potentiel vote de perte de confiance que les partis opposants pourraient décider de mener. De plus, Mark Carney doit se démener pour commencer le travail législatif au plus vite. En effet, l’élection nationale du nouveau Gouvernement et la démission, avant cela, du premier ministre sortant Justin Trudeau, a plongé le pays dans une instabilité politique, empêchant le Gouvernement sortant de poursuivre son travail législatif.[1]

Il y a trois mois, c’était Pierre Poilièvre qui était donné gagnant dans les sondages, au même moment où Mark Carney rentrait dans la course, sautant sur l’opportunité de la démission de Justin Trudeau. Pierre Poilièvre, à la tête du parti d’extrême droite, le Parti Conservateur du Canada (PCC), jouait sur son amour pour Trump et ses aspirations à copier son idole Donald Trump. Même si le PCC n’a remporté qu’une petite partie des sièges estimés juste avant la révélation du scrutin, il a toujours obtenu 30 sièges de plus qu’au mandat précédent.

Le Président Donald Trump a réitéré, à maintes reprises, ses menaces politiques et géopolitiques, notamment celle d’annexer le Canada et d’en faire le 51e Etat “chéri” des Etats-Unis. Il a aussi qualifié plusieurs la frontière entre les deux pays de “ligne artificiellement tracée”, remettant en cause la souveraineté du Canada. Les politiques commerciales de Donald Trump, les fameux tarifs douaniers imposés, notamment au secteur de l’automobile canadien à hauteur de 25%, ont bien évidemment eu une influence sur les ballots choisis par les électeurs.[2]

 

[1] Mark Carney Swept Canada, but There Will Be No Honeymoon, Matina Stevis-Gidneff, the New York Times, mercredi 30 avril.

[2] Au Canada, Mark Carney offre une victoire surprise aux libéraux en frôlant la majorité absolue, Eliott Dumoulin, Le Monde, mardi 29 avril.

Articles rédigés par Jay Thénot-Wrobel