Questions à Christophe Chabert, professeur de cartographie à l’ILERI

18.11.2022

Christophe Chabert a récemment intégré le corps professoral de l’ILERI afin d’enseigner la cartographie. Il a répondu à quelques-unes de nos questions concernant l’enseignement d’une telle matière à distance.


 

Vous venez d’intégrer le corps professoral de l’ILERI et vous vous êtes adapté rapidement pour faire des cours à distance. Avez-vous d’abord pensé qu’il serait plus sage de décliner la proposition et d’attendre des jours meilleurs pour des cours en présentiel ?


 

Non. Quand les cours à distance se sont imposés à nous tous, j’ai tout de suite accepté de poursuivre l’enseignement. Les logiciels qui ont été mis à notre disposition (Adobe Connect, Microsoft Teams) nous permettent d’avoir une bonne interaction. Il a cependant fallu que je revoie mon approche et que j’adapte le format du cours.

 

La cartographie est par essence une matière pour laquelle il est besoin de dessiner et de partager des visuels, avez-vous pu faire cela à distance ?


 

J’ai pu avoir quelques séances de dessin de cartes avec l’ensemble de mes étudiants avant que la crise sanitaire ne nous confine. Ils ont, je crois, compris l’intérêt d’utiliser les cartes pour appréhender les grands phénomènes qui font partie de leur programme. Bien sûr, il n’est pas possible de dessiner à distance comme nous l’avons fait en cours. Du moins, je ne dispose pas encore du matériel suffisant pour avoir la même fluidité. J’ai donc converti l’atelier carto en séance de cours où je reviens avec des cartes sur la géographie, l’économie, les climats, les religions, les langues, le peuplement, l’urbanisation… en me focalisant à chaque fois sur une aire. Nous avons ainsi pu faire un quasi tour du monde : Asie, Amérique latine, Afrique subsaharienne, Russie, États-Unis. L’idée est de fixer de nouveau les grands repères qui ont parfois été vus, et de les approfondir. Je prends également le temps de revenir sur certaines chronologies historiques, avec des cartes encore une fois, dans l’objectif de donner aux étudiants une vue d’ensemble : histoire, géographie, géopolitique. Enfin, j’utilise un exercice assez classique mais qui a fait ses preuves : donner une légende toute prête ainsi qu’un fonds de carte vierge. Il s’agit ensuite de placer les éléments et bien entendu de dessiner.

 

Avez-vous senti une évolution dans votre manière d’enseigner cette matière au fil des semaines ?


 

Passés les petits couacs du départ, le cours a rapidement pris son rythme de croisière. Je pense avoir trouvé le bon tempo. Je partage avec eux les différentes cartes que j’ai sélectionnées et nous les analysons ensemble. J’utilise le chat avec les élèves pour noter les concepts et notions qu’ils doivent absolument retenir. Je leur demande, par contre, plus que d’habitude s’ils comprennent bien ce que j’essaye de leur communiquer. C’est le désavantage de la distance, il est quasiment impossible de s’assurer que les connaissances ont été acquises par tous…

 

Vous avez animé des cours pour toutes les promotions d’étudiants de l’ILERI, comment vous êtes-vous adapté à ces différents publics ? Y a-t-il un public plus demandeur ?


 

J’avais préparé un sujet par promotion. A l’issue du premier atelier, j’ai demandé aux étudiants quelles étaient les thématiques qu’ils souhaitaient traiter avec moi. Certaines promos ont voulu prendre de l’avance sur les programmes à venir, d’autres ont préféré rester en ligne avec leur programme de ce semestre. La démocratie a parlé et j’ai ensuite préparé les séances.

J’ai été surpris que le cours soit bien suivi alors qu’il n’y a aucune note à la clé. Sur quatre promos, trois ont été très assidues et ont redemandé des « ateliers virtuels », en plus de leur charge de cours habituelle.

 

« Rien ne vaut la classe en face à face », qu’est-ce qui manque le plus à votre enseignement dans ce contexte distanciel, à votre avis ?


 

Pour ma part, c’est le contact humain de la classe en face à face qui me manque. On y ressent mieux les énergies, il est évidemment plus facile de savoir si les connaissances ont bien été transmises. Il est aussi plus simple d’interroger les étudiants. On a, je crois, tendance à plus rapidement partir dans des monologues avec les cours à distance. Et surtout, je ne peux pas dessiner en direct comme je le fais normalement.

 

Vous êtes un spécialiste des cartes à la main, avez-vous pu transmettre cette passion à nos étudiants ou les sentez-vous plus adeptes des logiciels de dessin ?


 

Je le pense mais l’entreprise a quand même été remise en cause par la situation. J’espère avoir la chance de poursuivre cette aventure pédagogique à l’avenir et que les étudiants continueront à m’accorder leur confiance. Nous pourrons alors repartir sur des réalisations concrètes et mieux préparer le prochain concours carto ILERI-Jean Christophe Victor.